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Aujourd'hui, nous avons publié une déclaration commune avec les autres membres de l'Urban Climate Alliance, un réseau de quatre organisations environnementales locales basées en Ontario. Nous la présentons comme un ensemble de priorités politiques pour faire face à la situation urgente dans laquelle nous nous trouvons tous, à un moment où la transition vers une économie verte équitable, abordable et résiliente pour tous n'a jamais été aussi nécessaire.
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L'économie verte : une réponse puissante aux droits de douane de Trump
Les investissements dans la durabilité et l'énergie verte permettront non seulement de protéger les Canadiens contre les droits de douane américains, mais aussi de nous mettre sur la voie d'un avenir plus résilient.
Au cours des derniers mois, l'administration Trump a augmenté les droits de douane, réduit le financement de la science et créé une incertitude économique et politique massive à travers le monde. Le Canada est vulnérable à ces changements. 77 % des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis et 50 % de nos importations proviennent de ce pays. En revanche, les États-Unis n'importent que 14 % de leurs produits du Canada et seulement 18 % de leurs exportations sont destinées au nord de la frontière. La majeure partie des exportations canadiennes sont constituées de pétrole, de véhicules et de pièces automobiles, ainsi que de métaux destinés au marché américain.
Afin de renforcer notre résilience et de diversifier nos sources d'approvisionnement pour réduire notre dépendance à l'égard des États-Unis, les collectivités de tout le Canada doivent accélérer la transition verte, abandonner les combustibles fossiles qui réchauffent notre planète et attisent les conflits mondiaux, et bâtir une économie verte forte, en synchronisation avec les pays qui verdissent leur propre économie. Les propositions visant à assurer la résilience économique en construisant davantage d'oléoducs pour exporter du pétrole et du gaz vers des marchés en voie de décarbonisation rapide ne feront que nous enfermer aussi dans la dépendance aux combustibles fossiles et rendre les exportations canadiennes moins attrayantes sur des marchés comme l'Europe et le Royaume-Uni.
Une transition accélérée créera des emplois verts, durables et de qualité qui placeront les travailleurs canadiens en bonne position dans l'économie mondiale moderne. Imaginez des travailleurs syndiqués fabriquant des technologies propres et des véhicules électriques, des autobus et des trains pour le transport en commun et le transport vert; des gens de métier construisant de nouveaux bâtiments verts et rénovant des bâtiments existants pour qu'ils fonctionnent à l'énergie propre locale; et des travailleurs du transport exploitant des réseaux de transport en commun et ferroviaires pour acheminer les personnes et les biens vers les collectivités partout au pays. Les estimations démontrent que la transformation vers une économie verte pourrait créer 400 000 nouveaux emplois.
La conversion du Canada en une économie véritablement verte nous rendra moins dépendants des États-Unis, rendra nos biens et services plus attrayants pour des marchés comme l'Europe et l'Asie qui verdissent rapidement leurs économies, et positionnera les travailleurs canadiens plus solidement dans l'économie moderne d'un monde en mutation.
Pour y parvenir, nous devons :
- Accélérer la transition vers l'énergie verte
Les énergies vertes comme l'énergie solaire, l'énergie éolienne et le maintien de l'énergie dans des batteries sont aujourd'hui les formes d'électricité les moins chères de l'histoire de l'humanité. Ces technologies ne consomment aucun combustible et ne produisent presque aucun déchet. Elles peuvent donc être implantées directement dans les collectivités locales sans produire de pollution atmosphérique toxique ni de pollution climatique. Des subventions publiques devraient être accordées pour appuyer la production et le maintien de l'énergie renouvelable par les collectivités et les Autochtones. Les règlements en matière de construction doivent être modifiés afin de faciliter l'installation de panneaux solaires et de batteries. Et des réseaux électriques intelligents locaux et nationaux devraient être construits afin de renforcer la résilience de ces réseaux.
- Rendre nos bâtiments plus écologiques
Les bâtiments écologiques consomment beaucoup moins (voire pas du tout) de combustibles fossiles responsables du changement climatique, tout en étant nettement moins coûteux à exploiter. Nous devons rénover les bâtiments afin de les rendre indépendants du pétrole et du gaz. Parallèlement, les bâtiments doivent également être protégés contre les phénomènes météorologiques extrêmes tels que la chaleur, les inondations et la fumée des feux de forêt. Nous avons besoin de normes strictes en matière de construction écologique, tant pour les bâtiments neufs que pour les bâtiments existants. Nous avons également besoin de subventions plus importantes pour la décarbonisation, l'efficacité énergétique et pour veiller à ce que les bâtiments soient protégés contre les conditions météorologiques extrêmes. Les bâtiments représentent 18 % des émissions totales du Canada et jusqu'à 56 % des émissions dans des villes comme Toronto. La décarbonisation des bâtiments et l'utilisation de thermopompes plutôt que la combustion de gaz augmenteront l'abordabilité tout en réduisant la dépendance à l'égard des prix mondiaux instables du carburant.
- Financer les transports publics et construire des trains à grande vitesse
Il est urgent d'offrir de meilleures options de transport que la possession d'une voiture, qui, dans un contexte de crise du coût de la vie qui ne cesse de s'aggraver, coûte en moyenne 16 000 dollars par an en dépenses aux citoyens. Avec les tarifs douaniers imposés par Trump, le prix des voitures ne fera qu'augmenter. Dans les grandes municipalités, les véhicules privés peuvent être responsables d'un tiers ou plus des émissions locales. * Nous avons besoin d'un financement fédéral et provincial important, tant en capital qu'en fonctionnement, pour les transports publics communautaires et les déplacements interurbains durables. Le projet de train à grande vitesse récemment annoncé entre Toronto et Québec créera de nouveaux emplois verts tout en offrant des déplacements pratiques et à faibles émissions à la moitié de la population canadienne. L'extension de la ligne jusqu'à Windsor et le financement d'un projet similaire entre Edmonton/Calgary et Winnipeg permettraient de desservir un quart de la population supplémentaire. La construction et l'exploitation de transports en commun et de trains interurbains aideront la main-d'œuvre industrielle canadienne, qui possède des décennies d'expérience dans la construction de trains, d'autobus et de tramways. Cela rendra également les déplacements plus économiques pour des millions de personnes à travers le Canada.
- Écologisation des industries canadiennes
Afin de maximiser l'attrait de nos biens et services pour nos partenaires commerciaux internationaux, notamment en Europe et en Asie, le Canada doit renouveler son engagement à respecter les normes internationales rigoureuses en matière de climat et d'environnement dans le secteur industriel. Par exemple, pour que l'industrie canadienne de l'acier puisse diversifier ses marchés en Europe, elle devra se conformer aux normes environnementales de l'Union européenne ou se soumettre au mécanisme d'ajustement carbone de l'UE, qui, à partir de 2026, imposera des droits sur les importations qui ne respectent pas les normes environnementales européennes. Le Royaume-Uni devrait mettre en œuvre son propre mécanisme d'ajustement carbone à partir de 2027.
- Mettre l'accent sur les économies circulaires locales
Les économies circulaires locales, axées sur la réduction, la réutilisation, le recyclage et le compostage, créent jusqu'à 50 fois plus d'emplois que l'enfouissement ou l'incinération des matériaux. Elles renforcent également la résilience locale en maintenant la circulation des matériaux et des ressources à l'échelle locale, ce qui réduit l'impact et le coût des importations et des exportations ainsi que les perturbations des chaînes d'approvisionnement internationales et les catastrophes liées au climat. Les tarifs douaniers auront un impact négatif sur les personnes à faible et moyen revenu qui n'ont déjà pas les moyens d'acheter les produits de base. Plutôt que de dépendre des importations américaines, des livraisons d'Amazon ou des géants de l'alimentation qui pratiquent des prix abusifs comme Loblaws, les gouvernements à tous les niveaux doivent investir dans la résilience locale. Les gouvernements, par leurs politiques d'achat, doivent montrer l'exemple en incluant des critères de décarbonisation, de matériaux circulaires et d'avantages pour la communauté.
De plus, des lois nationales sur le droit à la réparation, des règles limitant les plastiques et les produits à usage unique, ainsi que des mandats de réutilisabilité doivent être élaborés pour compléter les efforts communautaires tels que les cafés de réparation, les foires d'échange et l'agriculture urbaine. Ensemble, ces mesures réduiraient l'exposition aux chocs de la chaîne d'approvisionnement tout en prolongeant la durée de vie des biens de consommation, en détournant les déchets des dépotoirs et en fournissant des aliments sains et abordables, tout en appuyant les communautés locales et les emplois locaux.
Signataires :
Alliance environnementale de Toronto
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*Par exemple, 35 % des émissions locales de Toronto proviennent des transports. Dans la région de Peel, ce chiffre atteint 41 %.