Citant des preuves que les autobus scolaires au diésel nuisent à la santé et à la capacité d’apprentissage des enfants, des organisations plaident pour accélérer leur remplacement à l’échelle du Canada

En cette Journée des milieux d’apprentissage sains, des organisations plaidant pour la santé des enfants et de l’environnement demandent à tous les paliers gouvernementaux et à toutes les communautés d’accélérer le remplacement des autobus scolaires au diésel par des autobus scolaires électriques. Ecologie Ottawa a signé une lettre commune à demandé aux communautés, aux commissions scolaires et à tous les paliers gouvernementaux d’accélérer l’électrification du parc d’autobus scolaires afin de se débarrasser de dizaines de milliers d’autobus scolaires au diésel dont les gaz d’échappement toxiques peuvent gravement nuire à la santé des enfants, en plus d’interférer avec leur apprentissage.

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Dirigée par le Partenariat canadien pour la santé des enfants et l’environnement (PCSEE), une coalition formée de 34 organisations fait de l’électrification de l’ensemble du parc d’autobus scolaires au Canada l’objectif central de la Journée des milieux d’apprentissage sains (27 avril).

Enjoignant les décideur·se·s concernés à agir sans tarder, cet appel collectif fait suite à la publication, en janvier dernier, d’une étude scientifique selon laquelle même une brève exposition aux gaz d’échappement des moteurs diésel nuit gravement à la connectivité fonctionnelle du cerveau (http://bit.ly/3zFhHMr). Bien que réalisée avec des sujets adultes, cette nouvelle étude soulève encore plus de préoccupations quant à la possibilité que les enfants voient leurs fonctions cérébrales et leur capacité d’apprentissage réduites en inhalant les gaz d’échappement de moteurs diésel.

D’autres études sonnent l’alarme concernant le fait que les gaz d’échappement des moteurs diésel peuvent nuire au neurodéveloppement, à l’apprentissage spatial, à l’attention et à la mémoire des enfants, en plus de contribuer à une myriade d’autres problèmes physiques et mentaux (détaillés ci-dessous) ainsi qu’aux changements climatiques.

« Face à la menace existentielle que posent les changements climatiques et à la certitude scientifique croissante quant aux effets nocifs de la pollution de l’air, incluant les gaz d’échappement des moteurs au diésel, sur la santé des enfants, il est urgent d’agir plus globalement pour électrifier le parc d’autobus scolaires de toutes les communautés à travers le Canada », indique l’appel à l’action.

Celui-ci souligne que les « autobus scolaires électriques constituent une solution viable permettant d’éliminer les gaz d’échappement des autobus au diésel, et un exemple de geste local pour lutter contre les changements climatiques. »

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La majorité des 50 000 autobus scolaires qui roulent au Canada fonctionnent encore au diésel. Chaque année, ces autobus scolaires effectuent 792 millions de déplacements pour transporter environ 2,2 millions d’enfants entre la maison et l’école.

Selon Erica Phipps, directrice générale du PCSEE : « Le fait que les autobus font fonctionner leur moteur à proximité des écoles implique que tous les enfants, pas seulement ceux qui les prennent, peuvent être exposés aux gaz d’échappement des moteurs diésel et en subir les effets. »

« Les économies réalisées au fil du temps que permet la transition vers un mode de transport scolaire plus propre et plus durable sont supérieures aux coûts initiaux qu’elle implique. En électrifiant le parc d’autobus scolaires, nous pouvons aider nos enfants à s’épanouir physiquement et intellectuellement, et protéger l’environnement pour les prochaines générations en agissant de façon concrète et visible pour lutter contre les changements climatiques. »

Le PCSEE et ses collaborateurs demandent à tous les paliers gouvernementaux :

  • D’accélérer l’électrification du parc d’autobus scolaires à travers le Canada par l’entremise de mesures politiques et de financement soutenant l’acquisition et l’exploitation d’autobus scolaires électriques et des infrastructures associées.
  • De donner la priorité à l’acquisition d’autobus scolaires électriques dans les communautés qui sont exposées de manière disproportionnée à la pollution de l’air liée à la circulation automobile (PACA).

De promouvoir l’autobus scolaire électrique à titre de moyen pour les enfants, les familles et les communautés de se familiariser avec l’action climatique et d’y prendre part dans le cadre du processus de transition vers le transport carboneutre au Canada.

Comme l’indique Mme Phipps, Ph. D. : « Considérant nos connaissances sur les effets des gaz d’échappement des moteurs diésel sur la santé des enfants et les risquent que posent les changements climatiques, électrifier le parc d’autobus scolaires à l’échelle du pays est un choix qui s’impose si nous souhaitons protéger la santé des enfants, maintenant et dans le futur. » En plus de lancer cet appel à l’action aux gouvernements, la campagne fait également la promotion de vidéos et d’autres ressources didactiques afin de catalyser et de guider les efforts locaux soutenant cette transition. « L’électrification de l’emblématique autobus scolaire jaune est un puissant symbole d’espoir. Il s’agit d’une occasion pour les élèves, les éducateur·rice·s et les membres des communautés de découvrir et d’appuyer un geste concret permettant de protéger la santé de nos enfants et la planète. »

 

Une pléthore d’effets sur la santé des enfants

L’Organisation mondiale de la santé considère que les gaz d’échappement des moteurs diésel sont cancérogènes pour l’humain. Par ailleurs, une évaluation des risques pour la santé réalisée par Santé Canada conclut que l’exposition aux gaz d’échappement des moteurs diésel peut causer le cancer du poumon, et qu’elle est associée au cancer de la vessie.

Santé Canada a en outre établi un lien entre la PACA et certains types de cancers, incluant la leucémie chez les enfants et le cancer du sein chez les adultes.

Qu’elle soit aiguë ou chronique, l’exposition aux gaz d’échappement des moteurs diésel est associée à divers préjudices : réduction de la fonction pulmonaire, inflammation des voies respiratoires, risque d’asthme chez les enfants, bronchopneumopathie obstructive chronique, sensibilité accrue aux allergènes, maladies cardiaques, arythmie, ischémie et infarctus du myocarde.

Des études toxicologiques sur les gaz d’échappement des moteurs diésel ont également révélé que ceux-ci étaient potentiellement associés à des effets sur le système reproducteur et le développement du fœtus, de même qu’à une modification des concentrations d’hormones et de l’expression génique.

L’appel à l’action lancé aujourd’hui indique que les enfants sont plus vulnérables que les adultes aux polluants présents dans l’air, incluant les gaz d’échappement des moteurs diésel, « car ils sont en pleine croissance, leurs poumons se développent, et ils respirent une plus grande quantité d’air par kilogramme de masse corporelle. »

De plus, « [b]ien qu’il existe peu de données sur le Canada, la recherche indique que les enfants au Canada qui vivent en situation de pauvreté, qui sont racisés ou qui subissent d’autres formes de marginalisation courent souvent un plus grand risque parce qu’ils sont exposés de manière disproportionnelle à la [PACA]. »

Les chercheur·se·s ont conclu que l’exposition à la PACA avant la naissance et durant la petite enfance joue vraisemblablement un rôle dans l’apparition du trouble du spectre de l’autisme. Les chercheur·se·s ont également relié la PACA à des déficits sur le plan de l’intelligence, de la mémoire, de l’attention et du comportement, de même qu’à des symptômes d’anxiété et de dépression.

De plus, l’exposition aux gaz d’échappement des moteurs au diésel peut également nuire indirectement à l’apprentissage chez les enfants. L’asthme, par exemple, est la principale cause d’absentéisme scolaire, et chaque année, les gaz d’échappement des moteurs au diésel sont associés à des milliers de jours de symptômes d’asthme et d’épisodes de bronchite aiguë chez les enfants à travers le Canada.

Des études montrent en outre qu’une réduction substantielle des émissions produites par les autobus scolaires au diésel peut contribuer à réduire la fréquence des cas de bronchite et d’asthme chez les enfants, et qu’une exposition réduite à ces émissions peut permettre d’améliorer les fonctions cognitives.

 Signez la pétition

Comparaison entre les autobus fonctionnant à l’électricité et au diésel

Si la protection de la santé des enfants et la lutte contre les changements climatiques constituent des avantages indéniables de l’électrification du parc d’autobus scolaires, certains défis initiaux doivent être pris en compte. Ceux-ci comprennent les coûts liés à l’achat d’autobus scolaires électriques et de bornes de recharge ainsi qu’à la formation des chauffeur·se·s et des employé·e·s attitrés à l’entretien, de même que l’autonomie réduite de ces autobus (bien que les progrès technologiques réalisés sur le plan des batteries permettent de réduire l’écart avec les véhicules au diésel). Bien que la fiabilité des autobus scolaires électriques lors de froids extrêmes soit une source commune de préoccupation, les principaux fabricants garantissent que leurs véhicules peuvent fonctionner dans de telles conditions.

En plus de l’appel collectif à l’action, la coalition dirigée par le PCSEE a également publié dans le cadre de la Journée des milieux d’apprentissage sains un document infographique comparant les effets nocifs des autobus scolaires au diésel aux bienfaits des autobus scolaires électriques :

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Commentaires additionnels

« En plus de réduire les conséquences nocives sur la santé humaine et l’environnement, l’électrification du parc d’autobus scolaires canadien permettrait une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), contribuant ainsi de manière importante à la lutte contre les changements climatiques. La transition vers les autobus scolaires électriques est également une promesse de développement économique pour certains domaines du secteur manufacturier au pays, comme la fabrication de batteries et la fourniture d’équipements de recharge. Pollution Probe exhorte les gouvernements fédéral et provinciaux à accélérer sans tarder la transition vers les autobus scolaires électriques à travers le Canada. La santé de nos enfants et la menace que représente l’urgence climatique exigent une telle action. »

– Christopher Hilkene, directeur général, Pollution Probe

« Il y a un urgent besoin de remplacer les autobus scolaires au diésel par des autobus scolaires électriques, et nous sommes très motivés de voir qu’il y a un mouvement dans le sens de ce changement à l’échelle du pays. La campagne dans le cadre de la JMAS joue un rôle important dans la sensibilisation et la mobilisation des communautés à propos de la santé des enfants. Nous sommes fiers de soutenir cette campagne dans le cadre de notre travail coordonné visant à électrifier l’ensemble de la flotte d’autobus scolaires au Canada d’ici 2 040 ou avant. »

– Nicole Roach et Valérie Tremblay, co-coordonnatrices, Alliance canadienne pour l’électrification des autobus scolaires

“En tant que médecin et mère, je suis profondément préoccupée par le nombre d’autobus scolaires au diésel qui roulent encore dans les rues de notre quartier alors qu’ils produisent des émissions nocives et compromettent la santé de nos enfants aujourd’hui et dans le futur. La démonstration est faite : il est temps de passer aux autobus scolaires électriques dans le cadre d’une stratégie plus vaste visant à réduire les effets nocifs sur la santé de la pollution de l’air et à améliorer le bien-être des communautés.”

– Dre Samantha Green, membre du conseil d’administration de l’ACME et réviseuse du rapport de l’ACME sur la PACA

« Les scientifiques ont cru pendant des décennies que le cerveau pouvait être protégé des effets nocifs de la pollution de l’air. Toutefois, de plus en plus d’études montrent que la pollution de l’air affecte la cognition. »

– Dr Chris Carlsten, professeur et chef du service de médecine respiratoire, président de la Chaire de recherche du Canada sur les maladies pulmonaires professionnelles et environnementales, Université de la Colombie-Britannique

“ Nous sommes heureux de prendre part à cette campagne promouvant le remplacement des autobus scolaires au diésel par des autobus scolaires électriques comme moyen de protéger la santé des enfants et de réduire les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent aux changements climatiques. Les gaz d’échappement des moteurs diésel sont une importante composante de la pollution de l’air liée à la circulation automobile. Alors que Santé Canada considère que les gaz d’échappement des moteurs diésel sont associés à 170 000 jours d’asthme et à 3 000 épisodes de bronchite aiguë chez les enfants chaque année, il est évident qu’il faut agir. Les autobus scolaires électriques contribueront à réduire les conséquences nocives que subissent les personnes les plus vulnérables, incluant les enfants et les habitant·e·s des quartiers situés à proximité des zones où la circulation est dense.”

– John Atkinson, directeur général, Association pour la santé publique de l’Ontario

“ En tant que mère de deux enfants, je m’inquiète de plus en plus de la qualité de l’air qu’ils respirent. Ici, dans l’ouest du Canada, la saison des incendies est dévastatrice, et l’air se remplit de fumée. Certains jours, à Calgary, nous pouvons voir un nuage de pollution flotter à basse altitude au-dessus de la ville. On doit reconnaître les effets de la mauvaise qualité de l’air sur la santé et le bien-être de nos enfants. Les autobus électriques sont un mode de transport plus propre qui n’émet pas de polluants nocifs. Ils rendent l’air plus sûr pour tout le monde — les piéton·ne·s, les planchistes et les cyclistes —, et ils représentent une solution essentielle pour la santé et le climat que nous devons déployer dès maintenant. Les parent·e·s dans notre réseau sont fiers de participer à cette initiative, et on va faire ce qu’on peut pour que tous les autobus scolaires soient électriques d’ici 2040.”

– Claire Kraatz, For Our Kids, Alberta

 

Quelques chiffres

  • 0,2 % : proportion des ventes d’autobus scolaires électriques au Canada.
  • 65 % : baisse estimée du prix d’une batterie pour véhicule électrique entre 2018 et 2030.
  • 2,75 milliards de dollars : somme totale investie sur cinq ans dès 2021 par le gouvernement fédéral pour soutenir la transition vers les véhicules à émission zéro dans le transport en commun et le transport scolaires.
  • 90 : nombre de tonnes de dioxyde de carbone (CO2[A2] ) émises par un autobus scolaire au diésel au cours de sa vie utile prévue de 12 ans. Cette quantité est équivalente à la somme des émissions de gaz à effet de serre produites par 23 véhicules de promenade.
  • 0 : Niveau d’exposition jugé sans danger en ce qui concerne les particules aéroportées et certains autres contaminants retrouvés dans les gaz d’échappement des moteurs diésel.
  • 2 200 000 : nombre estimé de jours de symptômes respiratoires aigus causés par les émissions des moteurs diésel chaque année chez l’ensemble des Canadien·ne·s.
  • 170 000 : nombre estimé de jours de symptômes d’asthme causés par les émissions des moteurs diésel chaque année au Canada.
  • 3 000 : nombre estimé d’épisodes de bronchite aiguë chez les enfants causés par les émissions des moteurs diésel chaque année au Canada.
  • Plus de 262 000 : nombre de nouveaux emplois prévus dans le secteur des transports propres d’ici 2030.
  • 160-240 km : Autonomie approximative des nouveaux autobus scolaires électriques sur le marché (90 km : distance quotidienne moyenne parcourue par un autobus scolaire en Ontario — deux déplacements, un le matin, l’autre l’après-midi).
  • 52 % : économies d’argent réalisées par kilowatt-heure lorsque les autobus scolaires électriques sont rechargés durant la période de demi-pointe ou hors pointe.
  • 60 % : proportion de jeunes autour du monde qui se sentent « très » ou « extrêmement » préoccupés par les changements climatiques, avec 45 % de ceux-ci disant que cela affecte négativement leur quotidien. Les professionnel·le·s de la santé au Canada font état d’une augmentation de l’anxiété due aux changements climatiques chez les enfants, alors que des expert·e·s affirment que l’« espoir actif » est un moyen efficace de lutter contre ce problème.

Source : Pollution Probe, Delphi Group et PCSEE. 2022. Opportunities for Accelerating School Bus Electrification in Ontario. White Paper (rapport complet : http://bit.ly/3KruB5T)

 

Ontario 

  • 20 000 : nombre d’autobus scolaires qui circulaient en Ontario l’an dernier; 93 % d’entre eux fonctionnaient au diésel.
  • 13 : nombre d’autobus scolaires électriques mis en circulation en 2017 dans le cadre d’une initiative provinciale visant à lutter contre les changements climatiques. Depuis lors, au moins 200 autobus scolaires électriques ont été commandés par des propriétaires de parcs d’autobus, et seront livrés d’ici 2026.
  • 15 % : nombre d’autobus scolaires en Ontario qui, en 2020, étaient âgés de dix ans ou plus (durée de vie moyenne : 12 ans); 34 % des autobus avaient entre six et dix ans, et 51 % avaient cinq ans ou moins.
  • 143 : nombre de décès prématurés qui, selon une étude réalisée en 2020, auraient pu être évités si tous les autobus publics des régions du Grand Toronto et d’Hamilton avaient fonctionné à l’électricité. Ce geste aurait également généré l’équivalent de 1,1 milliard de dollars en bénéfices sociaux, et permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 0,3 mégatonne par année.

 

À propos

Le Partenariat canadien pour la santé des enfants et l’environnement (PCSEE) 

https://healthyenvironmentforkids.ca/fr/

La Journée des des milieux d’apprentissage sains (JMAS))

https://healthyenvironmentforkids.ca/jmas/

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